Réalité du stress au travail
Pourquoi le stress au travail défraie-t’il la chronique ?
Comment en est-on arrivé là ?
Les gens seraient-ils plus sensibles, les méthodes de travail plus dures ?
Aucune de ces raisons ne suffit à expliquer la montée en puissance de ce que l’on appelle tantôt le stress au travail tantôt le risque psychosocial.
La dépression et son corollaire, le risque suicidaire, ont toujours existé en entreprise.
Or la sensibilité de l’opinion et des médias a considérablement changé depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.
C’est sans doute une avancée liée à l’Europe. Le droit européen depuis plusieurs années a inversé une tendance, celle que l’on avait de privilégier l’intérêt collectif au détriment du droit individuel.
Maintenant c’est ce dernier qui prime… L’individu est reconnu en tant que tel et il n’est plus envisageable d’imaginer qu’un employeur reste indifférent à la souffrance des salariés.
La cour de cassation l’a parfaitement rappelé dans un arrêt de juin 2006 « Un employeur se doit de tout mettre en route pour préserver la santé morale des salariés ».
Au delà de l’obligation strictement judiciaire, de l’attente de l’opinion, ce n’est pas seulement la gestion du stress qui comporte un enjeu managérial essentiel.
Pourquoi ?
Le stress au travail est très certainement « l’arbre qui cache la forêt ». Car il ne correspond qu’à 30 % du problème.
La réalité du travail, c’est avant tout le conflit. Les gens ne s’entendent pas .
On retrouve ensuite le problème de management, puis seulement le stress et le harcèlement moral.
Si l’on ajoute conflit et problèmes de management, on voit que la « balle » est clairement dans le camp de l’encadrement.
C’est « tout la faute au patron » alors ?
Pas vraiment. Cette analyse souligne simplement que des zones d’améliorations se sont dégagées. Si l’attente du monde judiciaire a changé, si l’attente de l’opinion est devenue intraitable sur le sujet, la psychologie est en mesure d’aider le chef d’entreprise, le manageur à mieux exercer son pouvoir.
La psychologie positive apparaît comme étant la méthode la plus pragmatique et la plus rapide pour résoudre, par exemple, des situations de crise et les conflits.
Ces techniques psychologiques sont simples, elles demandent cependant un effort de formation… Les manageurs trouveront-ils du courage et du temps pour le faire ?

Dr François CRESPO
Psychiatre et médecin du travail
Spécialités : intervention en entreprise, gestion du stress, stress post-traumatique, thérapie comportementale et cognitive et comorbidité.